Comprendre l’élection des conseillers municipaux et métropolitains à Lyon

16 juillet 2025

Pourquoi s’intéresser à l’élection de nos représentants locaux ?

À première vue, l’élection des conseillers municipaux ou métropolitains pourrait sembler éloignée de nos préoccupations directes. Pourtant, ces élus gèrent des questions qui touchent au plus près notre quotidien : urbanisme, transports, écoles, déchets, aménagements, sécurité… Savoir comment ces femmes et ces hommes arrivent à ces postes, ce que leurs scrutins impliquent, c’est mieux comprendre les rouages de la démocratie locale. S’intéresser à l’élection locale, c’est aussi interroger sa capacité d’influence dans son quartier, sa ville, ou sa métropole. Nous allons ici décrypter concrètement les règles, les enjeux, les chiffres et les particularités du scrutin municipal et métropolitain, notamment à Lyon et dans la Métropole de Lyon, un cas unique en France.

Le scrutin municipal : mode d’emploi

Un scrutin de liste à deux tours, mais pas pour tout le monde

En France, l’élection des conseillers municipaux se fait selon un mode de scrutin de liste à deux tours. Mais tout dépend de la taille de la commune :

  • Dans les communes de moins de 1 000 habitants : scrutin majoritaire plurinominal, ouvert à toute candidature individuelle ou collective, panachage possible.
  • Dans les communes de 1 000 habitants et plus : scrutin proportionnel de liste à deux tours, exigeant parité (alternance homme-femme).

À Lyon, la mairie et la métropole dépassant largement ce seuil, c’est bien ce scrutin proportionnel qui prévaut (source : Vie-publique.fr).

Fonctionnement détaillé du scrutin dans une grande ville comme Lyon

  • Chaque liste présente autant de candidats qu’il y a de sièges à pourvoir.
  • Au 1er tour, si une liste décroche la majorité absolue des suffrages exprimés (plus de 50%), elle obtient immédiatement la moitié des sièges à pourvoir.
  • Les sièges restants sont répartis à la proportionnelle entre toutes les listes ayant dépassé 5% des voix, selon la « plus forte moyenne ».
  • Si aucune liste n’atteint la majorité absolue au premier tour, un second tour a lieu, réservé aux listes ayant obtenu au moins 10%.
  • Les listes entre 5% et 10% peuvent fusionner avec celles qualifiées pour le second tour.

Ce mode de scrutin favorise la constitution de majorités stables, mais permet aussi la représentation de diverses sensibilités. C’est une manière de concilier stabilité et pluralisme, deux piliers classiques de l’administration municipale française.

Chiffres-clés à Lyon

  • Le Conseil municipal de Lyon se compose de 73 membres, élus pour un mandat de 6 ans (source : ville de Lyon).
  • La ville est subdivisée en 9 arrondissements, chacun disposant de son propre conseil d’arrondissement et d’un maire délégué : une spécificité partagée seulement avec Paris et Marseille.
  • Lors des municipales de 2020, 16 listes se sont présentées dans les différents arrondissements (source : Le Progrès).

Particularités de la Métropole de Lyon : un cas unique en France

Naissance et fonctionnement de la Métropole

Créée en 2015, la Métropole de Lyon n’est ni tout à fait une agglomération, ni exactement un département : elle cumule les deux compétences. C’est ici que réside une spécificité : depuis 2020, les conseillers métropolitains sont élus au suffrage universel direct, c’est-à-dire par les citoyens, et non plus désignés parmi les municipalités. Cette forme d’élection est, à ce jour, unique en France (sources : Métropole de Lyon, ministère de l’Intérieur).

Le scrutin métropolitain : proportionnel et territorial

La Métropole de Lyon est découpée en 14 circonscriptions métropolitaines, qui ne coïncident pas totalement avec les arrondissements lyonnais ni les 59 autres communes composant la collectivité. La répartition des sièges (150 conseillers au total) se fait à la proportionnelle, scrutin de liste à deux tours, avec le même seuil de 5 % et les mêmes règles de fusion que pour les municipales.

  • La ville de Lyon dispose, à elle seule, de 39 sièges sur les 150, répartis entre ses circonscriptions métropolitaines (source : Métropole de Lyon).
  • La circonscription « Lyon Centre » élit, par exemple, 13 membres, « Lyon Sud » en élit 7, etc.

Le conseil de la Métropole élit ensuite le président de la Métropole, figure principale de l’exécutif métropolitain.

Implications de ce mode de scrutin

  • Visibilité accrue : Les enjeux métropolitains sont désormais mieux identifiés par les électeurs (particularité lyonnaise depuis 2020).
  • Diversité démocratique : La Métropole accueille ainsi des élus issus de toutes les communes et toutes les circonscriptions, favorisant une représentation équilibrée.
  • Stabilité majoritaire et ouverture : Du fait du scrutin de liste avec prime majoritaire, une majorité forte se dégage, mais tout parti dépassant 5 % peut espérer une représentation.

L’impact du mode de scrutin sur la vie locale

Renforcer ou limiter la pluralité politique ?

Le mode de scrutin à deux tours envoie un double signal :

  • Il donne une prime à la liste arrivée en tête (majorités stables, exécutif « fort »),
  • mais il permet à des groupes minoritaires d’exister et de s’exprimer (tous les groupes ayant franchi 5 % des suffrages siègent).

Dans les faits, le conseil municipal ou métropolitain accueille donc une diversité politique plus subtile que ne le laisse penser le simple duel majorité/opposition. Un exemple : lors des dernières élections à la Métropole de Lyon, ce sont 8 groupes politiques différents qui composent le conseil métropolitain.

L’enjeu de la participation électorale

Reste la question – essentielle – de la participation : lors des municipales de 2020 à Lyon, la participation n’a pas dépassé 41 % au second tour, un niveau historiquement bas pourtant dans un contexte inédit de crise sanitaire (source : Ministère de l’Intérieur).

Or, la légitimité du conseil dépend directement de ce taux de participation : le mode de scrutin favorise certes le pluralisme, mais il ne pallie pas à lui seul la crise de confiance ou l’éloignement entre élus et citoyens.

Le cas des nouveaux arrivants et des étrangers

À noter que seules les personnes inscrites sur les listes électorales peuvent participer au scrutin, parmi lesquelles certaines nationalités européennes résidant légalement en France : à Lyon, les ressortissants européens représentent environ 10 % de la population totale, mais seuls 2 % d’entre eux sont inscrits sur les listes au dernier recensement connu (source : INSEE, ville de Lyon). Ce décalage interroge la capacité d’inclusion électorale de l’échelon local.

Le processus en résumé et les failles du modèle actuel

Procédure pas à pas pour le citoyen

  1. Inscription sur les listes électorales (possible jusqu’à 6 semaines avant le scrutin, en ligne, par courrier ou à la mairie).
  2. Réception de la « propagande électorale » (les professions de foi et bulletins de vote envoyés à domicile).
  3. Vote à l’urne ou par procuration (peu de recours au vote électronique à ce stade en France).
  4. Dépouillement public, proclamation des résultats, attribution des sièges selon méthode expliquée ci-dessus.

Les questions qui restent en suspens

  • L’abstention structurelle : 6 électeurs sur 10 à Lyon n’ont pas voté en 2020, signe d’une rupture profonde.
  • Le cumul des mandats : De nombreux conseillers municipaux sont également conseillers métropolitains, complexifiant la lisibilité des rôles.
  • La visibilité citoyenne : Beaucoup de Lyonnais connaissent mieux leur maire d’arrondissement que leurs conseillers métropolitains. La fusion des deux scrutins entraîne parfois une confusion sur qui fait quoi.

À travers le mode d’élection de leurs représentants, les habitants disposent pourtant d’importants leviers : à chaque scrutin, il est possible, par le vote, de modifier la composition et les priorités du conseil municipal ou métropolitain. Les outils existent, mais leur efficacité dépendra toujours de l’attention et de la compréhension que chacun porte à ces mécanismes. Comprendre ces scrutins, c’est faire un pas de plus vers une citoyenneté active et exigeante, loin des discours convenus.

Pour aller plus loin : ressources utiles et lectures recommandées

S’informer sur l’élection locale, c’est entrer concrètement dans le fonctionnement de notre ville, tester le pouls démocratique de notre société, et c’est, peut-être, s’offrir une nouvelle façon d’agir, bien au-delà du simple geste du vote.

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